Date de publication :
mercredi 12 juin 2024
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Discours de Dominique Dubuc, honorée du prix Action LGBTQ+ par le Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie
Merci au Bureau de lutte pour cette nomination. J’en suis profondément honorée. Et félicitations à Le Néo et Jonathan Riverin pour leur nomination.
Merci au Cégep de Sherbrooke d’avoir proposé ma candidature. Et merci à la CSN et à la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation de l’avoir soutenue. Merci à ma conjointe, mes enfants et mes petits-enfants qui m’aident à garder un certain équilibre dans la tourmente que peut être la militance. Surtout en ce moment.
Quand je suis née, l’homosexualité était un crime au Canada. On a fait des pas de géant depuis. Et on peut en être fièr·es collectivement. Je commençais à croire à un avenir inclusif. Mais en 30 ans de militance, je n’ai JAMAIS eu si peur. Les reculs dans les droits des personnes les plus vulnérables dans une société, c’est le début d’une dangereuse pente glissante pour l’ensemble de la société, comme l’Histoire nous l’a trop de fois démontré.
Les exemples récents d’attaques frontales, violentes et décomplexées contre les personnes LGBTQ+ partout dans le monde, mais aussi ici au Québec et au Canada, sont multiples et dévastateurs. L’organisation de manifestations transphobes tonitruantes à travers le Canada l’automne dernier et encore ce printemps, les nouvelles lois anti-trans, particulièrement celle de l’Alberta; les inepties autour des toilettes mixtes, la création très discutable d’un comité des sages, et j’en passe... Ces attaques sont nourries par une panique morale, qui est ancrée dans le sexisme et la misogynie, et par une instrumentalisation politique qui fait tache d’huile. Même si elles sont parfois faites avec la nonchalance et la désinvolture de l’expertise des impressions…
Je dois aussi nommer la motion adoptée en assemblée nationale. En tant que personne agenre non binaire, JE suis une personne ayant un vagin, comme certains hommes trans le sont aussi. Je n’ai aucun problème à ce que le mot femme soit utilisé 67X plus souvent que « personne ayant un vagin », mais je dénonce le fait que l’assemblée nationale prenne de son précieux temps pour adopter une motion qui a eu l’effet pervers imprévu de nier mon existence et celles de mes adelphes et surtout d’alimenter le climat transphobe déjà exacerbé.
Il sera toujours impératif de lutter pour la visibilité des femmes et pour leur droit à l’autonomie corporelle. Et je serai toujours présente pour le faire, car il y a effectivement une épée de Damoclès au-dessus de la tête des femmes et de leurs droits. Pour les personnes trans et non binaires, le fil de l’épée est carrément sur leur gorge.
C’est pourquoi, je demande, j’implore toutes les personnes en autorité politique, de toutes les allégeances - et les journalistes aussi! - de cesser de se fier à leurs impressions et de se laisser leurrer par la désinformation prégnante. Et qu’iels se mettent à écouter les personnes véritablement expertes en ce domaine. Le Québec a été chef de file mondial par le passé. Il est temps de renouer avec nos valeurs québécoises d’inclusion. C’est le Québec dont je rêve pour mes petits-enfants. Et ensemble, j’y crois.
PAS UNE DE PLUS : action-éclair contre les féminicides
Depuis cet hiver, après l’annonce d’un féminicide, un groupe de citoyen·es se réunit au coin de Belvédère et King Ouest pour une vigie dans le but de sensibiliser la population aux féminicides et aux violences genrées.
Depuis janvier 2024, 15 femmes ont été assassinées !
Alors, si vous voulez marquer votre soutien aux femmes qui subissent de la violence, le groupe de citoyen·es vous invite à participer à ses actions. Afin d'être rapidement informé·es de la tenue des actions-éclair, inscrivez-vous par le lien suivant :
INSCRIS-TOI pour être au courant des actions-éclair citoyennes organisées à Sherbrooke lors de féminicides.
Ces actions-éclair sont l’occasion de rendre publique la violence faite aux femmes et de marteler l’urgence d’agir des gouvernements pour mieux protéger les femmes.
Voici les idées de lecture recueillies par Véronique Taschereau auprès de ses collègues.
1- Pleurer devant du pain, de Hugo Mudie
Véronique Taschereau vous propose Pleurer devant du pain, de Hugo Mudie, chanteur et membre fondateur de plusieurs groupes de musique underground de Montréal. Souffrant d’une arthrose dégénérative précoce, il prend la décision déchirante d’accrocher son micro et offre de le suivre pendant ses deux dernières tournées, l’une au Mexique et l’autre en France. Celui qui a fait des shows à travers le monde avec Vilain Pingouin, Vulgaires machins et Against me! livre un récit empreint de douleur, mais aussi d’empathie et de gratitude.
Au Centre des médias : ML 420 M82M826 2024
2- L'été où tout a fondu, Tiffany McDaniel
L’été où tout a fondu, roman écrit par Tiffany McDaniel, est celui que vous suggère Brigitte Langlois : elle a adoré l’écriture riche et sans prétention de cette jeune écrivaine qui relève le défi de se mettre dans la peau d’un homme noir et âgé. Elle y traite de la polarisation des États-Unis entre personnes noires et blanches à travers l’histoire d’un enfant noir accueilli comme s’il était le diable dans une ville de l’Ohio lors de l’été de 1984.
Au Centre des médias : PS 3613 C356S8514 2022
3- Triste tigre, Neige Sinno
Gagnant du Prix Fémina 2023 et du Prix Goncourt des Lycéens 2023, Triste tigre de Neige Sinno est un roman qu’Annissa Laplante a lu et apprécié. Inspirée du traumatisme vécu entre les âges de sept et quatorze ans, alors que l'autrice a été régulièrement violée par son beau-père, Sinno présente un mélange d'essai littéraire et sociologique pertinent pour décrire l’extrême violence d'une telle expérience intime et confuse. Elle parvient à livrer un texte tout à fait déroutant en passant par l’analyse éclairante de Lolita de Nabokov, de L’adversaire d’Emmanuel Carrère, des textes de Virginie Despentes et ceux de Toni Morrison, de Virginia Woolf et William Blake.
Au Centre des médias : PQ 2719 I57T74 2023
4- Le miraculé, William S. Messier
Julie Roy a lu le dernier récit de notre collègue, William S. Messier, Le miraculé, d’une seule traite, son chum aussi. Manon Poulin affirme s’être dit, en le lisant : « eh ! que c’est le bonheur ». Le titre suggère le désespoir, mais c’est un monde dans lequel on ne se sent pas du tout viré à l’envers, en fait, c’est très touchant, très sympathique et juste doux. L’auteur revient sur la banalité de l’enfance et sur la perception qu’on a de la vie quand on est petit, ce qui en fait un roman dans lequel on peut tous se reconnaître. Par contre, le narrateur, lui, finit par se rendre compte qu’il a vécu au bord de la mort pendant dix ans ! Le quotidien qu’il nous présente est celui de toutes les fois où il a failli mourir, mais n’est pas mort !
Au Centre des médias : PS 8626 E874Z46 2024
5- Coup de vieux, Larry Tremblay
Manon Poulin vous suggère une pièce de théâtre de Larry Tremblay, Coup de vieux, qui porte, évidemment, sur vieillir et vivre avec la vieillesse. Les personnages ont des dialogues décousus et insignifiants alors qu’ils discutent de banalités. Manon a senti une ambiance semblable à celle d’En attendant Godot de Beckett. Alors qu’on court après le temps, tout le temps, cette pièce met l’accent sur le temps qui passe trop tranquillement, dans un monde où les vieux sont devenus obsolètes.
Au Centre des médias : PS 8589 R443C68 2024
6- Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon
Marilou Boisjoly-Cousineau affirme avoir été jetée à terre en lisant le roman de Lola Lafon, écrivaine française d’origine juive-russo-polonaise. L’autrice a voulu passer une nuit dans l’annexe où s’est réfugiée Anne Frank, lieu qui lui a inspiré l’écriture du roman Quand tu écouteras cette chanson. Elle y présente une réflexion sur la mémoire d’Anne Frank, son lègue, si vous voulez, qui a permis de s’attarder aux questions de l’oppression. Par contre, elle semble y présenter une certaine critique de l’appropriation que s’en est faite l’Occident et de la façon d’adoucir la charge dénonciatrice de Frank. C’est un texte émouvant, selon Marilou, qui nous reste à l’esprit longtemps.
Au Centre des médias : PQ 2712 A36Q36 2022
7- L’anomalie, Hervé Le Tellier
Diane Lafrance a tellement aimé L’anomalie d’Hervé Le Tellier qu’elle a choisi de le mettre au programme et de l’étudier avec ses étudiants. Et c’est quoi, en fait, l’anomalie ? C’est la trajectoire d’un avion, et de ses passagers, qui se dédouble en plein vol et qui atterrit au même endroit à 109 jours d’écart. L’intrigue de ce roman, qui chevauche une pluralité des genres – science-fiction, roman policier, psychologique, philosophique – apporte une critique sociale de l’irresponsabilité collective à l’égard de l’environnement, de notre besoin, en tant qu’être humain, de comprendre et de solutionner notre monde, peu importe le prix, peu importe les conséquences.
Au Centre des médias : PQ 2672 E83A56 2020
8- Par-delà les livres : l'empreinte du littéraire sur nos métiers, collectif dirigé par Normand Baillargeon
Dans la catégorie « essai », Bruno Lemieux vous suggère la lecture d’un collectif de Normand Baillargeon : Par-delà les livres : l'empreinte du littéraire sur nos métiers. Dans ce recueil de courts essais très diversifiés dans leur propos et leur style, le philosophe Normand Baillargeon nous invite à réfléchir aux liens qui se tissent entre la littérature et les autres champs du savoir qui marquent nos vies. Journalisme, droit, économie, musique, psychologie, comptabilité, médecine, neurosciences... toutes ces disciplines sont abordées par celles et ceux qui les pratiquent à travers le prisme de la littérature. « Le romancier et l'avocat s'intéressent chacun à la singularité humaine, affirme Julie Latour, avocate et ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal : le premier, pour lui donner sa part d'éternité ; le second, pour lui conférer sa part de justice. »
Au Centre des médias : PN 47 P372 2023
9- Kanatuut, Natasha Kanapé Fontaine
Rachel Mayrand suggère de lire Kanatuut, le dernier recueil de nouvelles de Natasha Kanapé Fontaine. Dans ces récits « magiques », les voix majoritairement féminines tentent de se réapproprier leur héritage autochtone. L'autrice revendique ses racines en réinventant les légendes traditionnelles. Bien que la majeure partie des nouvelles se déroulent à Pessamit et que l'on reconnaît des personnages d'un texte à l'autre, l'autrice tisse aussi des liens avec d'autres communautés autochtones de la Nouvelle-Zélande, du Groenland et d’Hawaï. Dans un univers moderne, les esprits des forêts et le carcajou y côtoient les personnages de Joyce Echaquan et Donald Trump, les lieux des pensionnats autochtones et les thèmes de la déforestation, de la perte de mémoire et de la langue, et ce, sans que ce soit lourd ni moralisateur. Rachel a senti que plusieurs images l'ont habitée longtemps après la lecture, et elle en a été très agréablement surprise.
Au Centre des médias : PS 8621 A526K36 2023
10- Vernon Subutex, l’intégrale, Virginie Despentes
Marie-Claude Tremblay, la chanceuse, a eu l’occasion de voir l’adaptation au théâtre de Vernon Subutex, oeuvre majeure de Virginie Despentes. La pièce, présentée à l’Usine C, dure sept heures ! Oui, oui ! Aux dires de Marie-Claude, ce sont sept heures qui se vivent bien, elle était tout à fait à l’aise d’être là et ne ressentait pas l’envie de partir, et ce, même si c’est quand même pessimiste comme univers. Despentes présente un regard hyper lucide sur le monde, très cru, sans chercher à l’embellir. Les personnages sont décourageants, déprimants, sauf que, bien qu’ils soient tous détestables, on parvient tout de même à trouver un petit quelque chose d’attachant en eux, quelque chose qui résonne en nous (bon, sauf peut-être pour un d’entre eux). Selon Marie-Claude, un lien peut être fait avec la toune, « Le dôme » de Jean Leloup : même si on n’entre pas tous dans le même moule, la musique a cette capacité de nous faire vivre quelque chose de commun, de vrai. Et de bon.
Au Centre des médias : bande dessinée, tome 1 et 2 (manque le 3), classé sous “V”. On n’a pas le tome 3 ni les romans (suggestion à faire à René-Pierre).
Nous vous rappelons que le déjeuner de la rentrée a lieu le mercredi 14 août, à 8h30. C’est avec plaisir que nous nous y retrouverons.
D’ici-là, l’ensemble de l’exécutif vous souhaite de passer un bel été plein de farniente, de découvertes, de plaisirs et de rencontres ! ^_^
Besoin de nous joindre pendant l’été
Si une situation mérite une attention immédiate, écrivez-nous à l’adresse suivante :
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