Date de parution :
mercredi 30 mars 2016
Vous pouvez déjà mettre à votre agenda les deux prochaines assemblées générales :
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Le plan de redressement du Cégep de Sherbrooke
Suite à l’adoption d’un budget déficitaire pour l’année 2015-2016, le gouvernement du Québec a sommé le conseil d’administration du Cégep de Sherbrooke d’adopter un plan de redressement avant le 31 mars 2016. Le plan doit décrire les moyens qui seront employés pour éliminer le déficit structurel annuel d’environ 1 million $ ainsi que la dette générée par celui-ci.
Les causes des problèmes financiers du Cégep sont bien connues. Au premier chef, on trouve la politique d’austérité du gouvernement québécois. Depuis 2011, les coupes budgétaires se sont multipliées, comme on peut le constater dans ce tableau.
Année | Coupes non récurrentes | Coupes récurrentes |
2011-2012 | 610 850 $ | |
2012-2013 | 481 500 $ | |
2013-2014 | 473 700 $ | |
2014-2015 | 940 345 $ | |
2015-2016 | 1 099 100 $ |
C’est environ 4 millions $ qui ont été retranchés du budget du Cégep. La baisse de la population étudiante (environ 600 étudiant-es) de même que la non-indexation des coûts de système (environ 2 millions $) pour la même période contribuent également à fragiliser financièrement notre institution.
Dès l’annonce des premières compressions, le SPECS-CSN a été sans équivoque non seulement pour les dénoncer mais aussi dans ses efforts pour les combattre. D’abord, la grève sociale du 1er mai 2015 a été l’expression claire et puissante de notre engagement concret à défendre notre collège et sa mission. Aussi, le SPECS-CSN a multiplié les appels à l’égard de la direction et du conseil d’administration du Cégep de Sherbrooke pour qu’ils adoptent une stratégie plus combattive face à un gouvernement austère et intransigeant. À cet égard, bien que la direction affirme vouloir préserver les canaux de communication avec le pouvoir politique et agir à l’intérieur des limites administratives de son rôle institutionnel, plusieurs sont ceux qui croient qu’elle a plutôt failli à sa responsabilité véritable : refuser, dénoncer et résister aux coupes irréfléchies qui mettaient notre institution en péril. Si nous ne pouvons pas savoir avec certitude ce qu’un refus d’obtempérer de la part de notre direction aurait pu avoir comme effet mobilisateur à l’échelle locale et nationale, les conséquences de choisir une stratégie timorée n’ont jamais fait de doute.
Soit, le conseil d’administration a adopté mercredi dernier un plan qui prévoit un retour à l’équilibre budgétaire et l’élimination de la dette d’ici 2020-2021. Mais à quel prix ?… Les étudiantes et les étudiants devront débourser environ 350 000 $ de plus par année en frais d’inscription pour renflouer les coffres du Cégep, sans compter l’ensemble des services diminués à l’intérieur des murs et difficiles à chiffrer. Rappelons que le Cégep de Sherbrooke est l’un des collèges où la proportion d’étudiants utilisant l’aide financière aux études est la plus élevée au Québec. Ce sont donc, encore, les moins bien nantis qui écopent de l’austérité. La direction espère également qu’une augmentation du nombre d’étudiant-es contribuera à éponger le déficit. Personne ne va s’opposer à ce que plus d’étudiants poursuivent des études collégiales, mais il est quand même préoccupant que le modèle de financement du Cégep ne permette pas sa viabilité financière alors que tout près de 6 000 étudiantes et étudiants le fréquentent en 2015-2016. Un réseau national de cégeps publics nécessite un financement qui assure sa stabilité et son développement, indépendamment des fluctuations démographiques normales de la population.
Le SPECS-CSN n’acceptera pas sans réagir un plan de redressement qui confinera le Cégep de Sherbrooke à l’austérité pour les cinq prochaines années, réduisant ainsi comme peau de chagrin tous les moteurs internes de son dynamisme et de son développement. Afin de pouvoir accomplir adéquatement sa mission éducative et de remplir son rôle de levier économique et culturel régional, notre institution doit avoir des moyens suffisants, et non le strict minimum pour qu’elle puisse survivre en attendant des jours plus heureux.
Prochainement, l’exécutif du SPECS-CSN proposera un plan d’action qui visera notamment nos représentants politiques pour leur rappeler qu’ils doivent faire plus pour le Cégep de Sherbrooke.
Le processus d'appréciation du personnel enseignant
En novembre dernier, l’exécutif du SPECS-CSN a pris la décision de se retirer de l’entente à l’origine du processus d’appréciation du personnel enseignant (PAQTE/PAQTNE). L’exécutif s’était alors engagé à consulter les membres pour déterminer la voie à suivre.
L'assemblée générale, réunie le 22 mars 2016, a été l’occasion d’une présentation et d’une discussion sur la question. Un sous-comité de l’exécutif composé de Sarah Perrien, Dominique Dubuc et Steve McKay a mis en évidence, en s’appuyant sur des recherches empiriques récentes, les nombreux problèmes de fiabilité et de validité associés à l’évaluation des enseignements par les étudiant-es, enjeu qui constitue l’une des bases du PAQTE/PAQTNE. Pour tous ceux qui n’ont pu assister à la rencontre, vous pouvez consulter ici la présentation ainsi que les articles scientifiques qui l’étayent.
À la suite de la discussion, la résolution suivante a été adoptée à l’unanimité par l’assemblée générale du SPECS-CSN :
« Que le SPECS-CSN mette sur pied un chantier syndical de réflexion sur la question de l'appréciation et du développement professionnel dont l'objectif soit d'établir la position syndicale sur ces enjeux et que ce soit sur la base de cette position que l’exécutif du SPECS-CSN entreprenne toutes discussions futures avec la direction. »
Nous invitons les enseignantes et les enseignants qui aimeraient s’impliquer dans le chantier à contacter le SPECS-CSN. Un comité sera formé dans les prochaines semaines afin de pouvoir alimenter le processus de réflexion qui se déroulera en CIDS et en assemblée générale dans les prochains mois. Surveillez nos communications à cet effet.
Lors de la dernière assemblée générale, la situation au sujet de la ressource réservée aux étudiantes et étudiants en situation de handicap (EESH) a été exposée. Nous continuons de recevoir des nouvelles d'heure en heure, et le regroupement cégep de la FNEEQ de jeudi et vendredi de cette semaine nous permettra d'avoir une vision plus claire de la situation. L'assemblée a tout de même maintenu ses revendications à ce sujet et a adopté la proposition suivante :
L’assemblée générale du SPECS-CSN avait déjà dénoncé le projet de loi 70 (1) parce qu’il contribue à affaiblir le régime de sécurité sociale et ouvre la porte à des mécanismes punitifs envers les prestataires de cette aide de dernier recours. Or, le projet de loi 70 ne se limite pas à proposer des modifications à l'aide sociale, mais il vise également à réformer certains programmes ayant pour objectif la formation de la main-d’oeuvre et son adéquation avec le marché du travail. Sur ces questions aussi, le projet de loi est inquiétant à maints égards.« Que l’assemblée générale du SPECS-CSN demande que la ressource spéciale pour les étudiantes et les étudiants en situation de handicap (EESH) soit distribuée selon les principes suivants :
- Que la ressource soit distribuée aux programmes comprenant beaucoup d’étudiantes et d'étudiants en situation de handicap, aux programmes comprenant un fort taux d’étudiantes et d'étudiants en situation de handicap, aux programmes vivant des situations particulières et à la formation générale de manière à ne pas trop diviser la ressource;
- Que le choix de l’utilisation de la ressource soit laissé aux disciplines concernées entre la réduction de taille de groupe ou un dégagement au volet 1 afin de libérer du temps d’encadrement pour les étudiantes et les étudiants;
- Que cette ressource soit comptabilisée aux fins d’ouverture de postes. »
Plusieurs membres du gouvernement — pensons ici aux ministres Blais et Hamad — sont particulièrement préoccupés par l’adéquation entre la formation et les besoins de l’entreprise privée. Que ce soit le manque de main-d’oeuvre spécialisée ou le chômage élevé dans certaines régions, la solution passe nécessairement, selon eux, par un plus grand arrimage de la formation aux besoins spécifiques des entreprises. À cet effet, plusieurs stratégies sont proposées comme autant de ballons d’essai. Par exemple, le rapport Demers suggère une plus grande souplesse dans la gestion des programmes et des critères de diplomation, ainsi que la création de nouvelles AEC. On y retrouve également un questionnement sur la pertinence de la formation générale. Le ministre Blais se fait toujours l’apôtre du modèle DUAL d’inspiration allemande qui se caractérise par un enseignement technique en entreprise supervisé par des travailleurs plutôt que par des enseignants (alors que ce modèle est pourtant de plus en plus décrié au sein même de l’Allemagne). Le projet de loi 70 s’inscrit en droite ligne avec ces propositions.
Si le projet de loi 70 est adopté, on assistera à une importante transformation des mécanismes de formation de la main-d’oeuvre actuelle et future. D’abord, le nombre d’entreprises devant contribuer à hauteur de 1 % de leur masse salariale à la formation de leurs employés sera diminué. En effet, seules les entreprises assumant une masse salariale de 2 millions $ et plus seront soumises à cette loi, désengageant ainsi toutes les PME, qui constituent une forte majorité des entreprises privées québécoises, dans la formation de la main-d'oeuvre, déplaçant ainsi le poids de la responsabilité de formation aux individus. Ceci est plutôt paradoxal venant d’un gouvernement qui dit accorder la plus haute importance à la formation de la main-d’oeuvre tout au long de la carrière.
Ensuite, on modifie la loi de manière à ce que les sommes dévolues à la formation puissent être employées pour combler les besoins de la main-d’œuvre actuelle et future, plutôt que ceux de la seule main-d’oeuvre actuelle. Cela aura pour effet de limiter encore plus l’accès à la formation pour les personnes en emploi, puisque les modifications apportées à la loi en élargissent la portée tout en limitant l’entrée de fonds qui y est dévolue. C’est entre autres pour cette raison que la Fédération des cégeps voit d’un bon oeil le projet de loi 70, car elle espère obtenir une part des sommes en créant des formations courtes qui répondent aux besoins précis des entreprises.
Or, l’accès à ces nouvelles ressources, enjeu particulièrement important en période d’austérité, vient avec de nouvelles conditions. Alors que la stratégie de formation de la main-d’oeuvre était développée en partenariat au sein d’un organisme regroupant des acteurs de tous les milieux concernés, le gouvernement veut centraliser les pouvoirs entre les mains du ministère de l’Emploi. On apprend même que le ministère de l’Éducation se verra dicter des stratégies de formation et devra même rendre des comptes au ministère de l’Emploi ! Sur ce point, le Conseil supérieur de l’éducation du Québec est cinglant :
Concrètement, voici quelques conséquences que nous redoutons si le projet de loi 70 est adopté :
Mentionnons que le premier ministre Philippe Couillard a tenu la toute première conférence de presse dévoilant le contenu du projet de loi 70 devant la Chambre de commerce de Montréal. Voilà qui s’avère éclairant quant à savoir qui en sera le plus grand bénéficiaire…
Pour plus de détails, vous pouvez notamment consulter le mémoire conjoint présenté à la Commission de l’économie et du travail, produit par la CSD, la CSN, la CSQ et la FTQ.
Campagne Un réseau qui fait grandir
Dans la foulée de la résolution votée à l’assemblée générale du 10 février 2016 (2), l’exécutif du SPECS-CSN vous invite à poursuivre la lutte pour la défense d’un réseau public de services de garde éducatifs. Passez au bureau du SPECS signez votre carte postale adressée à Philippe Couillard, lui demandant de cesser ses attaques contre le modèle québécois des services de garde à contribution réduite.
Un premier dépôt de 25 000 cartes dûment signées a déjà été effectué, une semaine avant le budget. Étonnamment, devant la colère citoyenne généralisée, les nouvelles mesures de tarification des familles utilisant les services de garde y ont été mofidiées à la baisse à la toute dernière minute, comme quoi les mouvements citoyens peuvent influencer les décideurs, quoi qu’en pensent certains.
Objectif : 100 000 cartes postales déposées à l’assemblée nationale. Faisons notre part !
(1) Que le SPECS-CSN 1. dénonce le projet de loi 70; et 2. participe à la mobilisation locale contre le projet de loi 70. [retour]
(2) Que le SPECS-CSN 1. appuie le mouvement de défense du réseau public des centres de la petite enfance; 2. appelle ses membres à participer aux différentes actions (par exemple, les chaînes humaines) organisées pour défendre les CPE; 3. exige que le gouvernement du Québec cesse les compressions dans le réseau des CPE, et plus généralement dans les services à la petite enfance; et 4. exige que le gouvernement du Québec investisse les sommes nécessaires afin de permettre l’accès universel et gratuit à des centres de la petite enfance de qualité. [retour]
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Poste téléphonique #5330 info@specs-csn.qc.ca Responsable de la rédaction : Catherine Ladouceur Secrétariat : Luc Loignon |